UNE "PHILOSOPHIE" TOUTE PRATIQUE                   en juger par ses lettres conservées, les idées de Ninon n'ont rien de systématique. Elle n'a pas de peine à souscrire à ce que Saint-Evremond, le plus constant de ses maîtres, conclut de sa propre expérience : " La vie n'est pas faite pour être pensée, mais pour être vécue ". Toute pragmatique, sa " philosophie " n'a pu être récupérée par les " philosophes " du siècle suivant qu'au prix de plusieurs contre sens et de beaucoup d'oublis. Si elle avait des " payeurs " et des " favoris ", c'est qu'elle aimait le confort et le plaisir. Elle ne contestait pas l'ordre social. Elle s'appliqua à s'y intégrer et, bourgeoisement installée dans sa maison de la rue des Tournelles, à devenir un " personnage ". Elle était intelligente et elle avait de l'esprit. C'était de quoi plaire à l'abbé de Châteauneuf, puis à Voltaire, que l'abbé avait introduit dans le monde et qu'il influença. Ils montèrent en épingle une liberté de pensée, que supposait son mode de vie, qu'elle avait quelquefois montrée en privé, mais qu'elle n'avait jamais publiquement affichée.