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EROS MEDECIN
 

 

 

 

 

 

 
    Une condamnation sans appel
   
    Du Laurens la condamne radicalement. On ne doit pas l'appeler " divine ou sacrée " comme font certains, si ce n'est pour dénoncer l'ampleur du mal. " Qu'on ne lui donne pas " non plus " le titre de passion douce, vu que c'est la plus misérable des misérables, et telle que toutes les géhennes des plus ingénieux tyrans n'en surpassent jamais la cruauté ". C'est pourquoi le philosophe Thianée conseille au roi de Babylone, qui avait trouvé un gentilhomme couché avec sa favorite, de se venger en lui faisant grâce : " Donne lui la vie, dit-il, et ses amours le puniront assez avec le temps. " L'amour ne se contente pas de pousser au mal. I1 est un mal pour celui qui l'éprouve. Des exemples le montrent, qui peignent des désespérés qui se sont suicidés par amour.
   
    A moins que, de façon " bien plus plaisante ", cette passion n'aboutisse à une forme de mélancolie qui confine à la folie. Celui qui en est atteint " pense toujours voir ce qu'il aime. I1 court toujours après. I1 baise cette idole en l'air, la caresse comme si elle y était. Et ce qui est étrange, encore que le sujet qu'il aime soit laid, il se le représente comme le plus beau du monde. I1 est toujours après à décrire la perfection de cette beauté ". Le médecin du Laurens rejoint cette fois le thème familier des illusions de l'amour, que Molière, par exemple, a repris de Lucrèce dans le Misanthrope après que Cervantès en eut donné l'illustration la plus célèbre et la plus éclatante dans la Dulcinée de Dom Quichotte.