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HONNETETE ET PUCELAGE
 

 

 

 

 

 

 
    La chasteté étant chez la femme la définition même de l'honnêteté, l'absence de vie sexuelle la lui confère tout naturellement et, par excellence, à la vierge. Grenaille l'affirme en tête de L'Honnête Fille (1639) : " L'honnêteté, qui semble être commune à toutes sortes de personnes, appartient proprement aux filles. " Ou encore : " Il me semble que l'honnêteté appartient plus particulièrement aux filles et qu'elle est comme leur caractère, n'étant que l'ornement des autres personnes qui l'ont acquise. " Elle en vient à se confondre absolument avec l'existence du pucelage. " Il n'est pas besoin de redire ici qu'une fille perdant son nom quand elle perd son honneur, il faut qu'elle change d'être et de qualité, ou qu'elle conserve soigneusement ce caractère. J'avoue donc en première instance que l'honneur étant l'âme de l'honnêteté, une fille débauchée ne peut non plus y prétendre qu'un cadavre au droit des hommes vivants. "
   
    Aucune défaillance n'est permise : " Celles qui, par une honteuse chute, se laissent dégrader en leur noblesse, ne peuvent plus passer pour honnêtes, s'étant elles-mêmes déshonorées. " Des deux tomes de L'Honnête Fille, plus de la moitié du second est consacrée à cette façon très précise de définir " l'honneur des filles ". Une qualité en principe morale ou mondaine se trouve ainsi curieusement réduite à un état physiologique. C'est en quelque sorte par nature qu'une femme ne peut ni être ni devenir un honnête homme.